Singularité

Définitivement séduite par le Léman et ses reflets, l’artiste enchaîne avec quatre mois de traversées sur les bateaux de la CGN. Et crée alors deux séries: «Singularité» et «Singularité nuit» été 2020.


«Singularité»: Gravures sur plaques plastiques, impressions taille-douce sur papier de Chine 20x30 cm réalisées à l’Atelier de gravure de Vevey, édition 1/3.

Gravures sur plaques plastiques, tirages 43x60 cm sur papier hahnemühle 308, édition 1/3.

«Singularité» est présentée aussi sous la forme de l’installation d’une gravure réalisée sur plaque plastique, format 3 m/1 m, tirage unique, dans le cadre d’une exposition à l’Espace ContreContre à Saint-Maurice en septembre 2020.


Exposition «Singularité» – l’Espace ContreContre à St-Maurice – 12 septembre au 10 octobre 2020

Texte d'exposition par Carole Pelluchoud

Singularité: caractère exceptionnel de ce qui se distingue; étrangeté; originalité. Après Dérive, Isabelle Favre explore ici une nouvelle terre. Terre singulière pour une artiste qui semble y avoir trouvé sa vibration.

Au printemps dernier, Isabelle Favre dévoilait sa dérive dans une galerie sédunoise: deux séries, photographies et gravures, nées d’une immersion dans un univers végétal foisonnant qu’elle avait découvert du pont de son bateau, de l’embouchure du Rhône à Villeneuve.

Quelques mois plus tard, ici à ContreContre, trois séries, mais un seul langage, la gravure. Et un saut dans l’inconnu: la photoreporter quitte l’objectif, et explore ce qui reste lorsque le trait s’affranchit du regard.

Dans la première série, le végétal toujours fascine, inspire, mais cette fois l’artiste a posé pied à terre et, tandis que la crise sanitaire impose le semiconfinement, elle s’installe dans des jardins privés
qui l’inspirent. Son regard s’y perd jusqu’à ce que la nuit tombe. Apparaissent alors le frémissement, la vibration, l’infiniment grand dans l’infiniment petit pour une autre dimension de l’espace et du temps. «Je finis par ne plus avoir d’échelle, de jour ou de nuit. Absorbée par la matière, les structures, les enchevêtrements, les clairsobscurs, j’entre dans une autre dimension...» Il en naît des ramifications de lumière au coeur de la nuit, dont on ignore si la géométrie traduit la structure, le souffle, ou simplement ce qui subsiste lorsque tout s’éteint.

Déroutants crépuscules qui donnent à Isabelle Favre le goût d’une nouvelle exploration, l’envie de marquer le papier non plus de la lumière du monde, mais de son souffle.

Elle embarque alors sur les bateaux de la CGN. Elle-même navigatrice – à moitié bretonne –, elle renonce ainsi à tenir la barre. Les amarres sont larguées. A terre, le pays est tétanisé par la crise sanitaire, les rues sont vides.

Les premiers voyages sont solitaires, l’équipage surpris par cette artiste installée sur le haut, qui grave des plaques de plastique. Galvanisée par les vibrations nocturnes de ses séries végétales, Isabelle choisit de quitter des yeux sa main. La nuit n’est plus nécessaire, l’artiste touche du doigt l’essentiel.

Les vents du Léman, la machinerie des moteurs à vapeur, l’eau fendue par la proue, battue par les roues à aubes, et la voix envoûtante de l’artiste britannique Anna Calvi: Isabelle Favre vit, vibre, tandis que sa main joue les électrocardiographes. «Je me suis plongée dans une pleine conscience aiguë et me suis offert une liberté totale, sans volonté de représentation.

Simplement capturer l’instant, la respiration, sans contrainte. Lorsque mon trait dépassait le cadre de la plaque de rhodoïd, j’étais déjà sur un autre trait.» La quête n’est pas terminée. En attendant, l’artiste poursuit son travail en atelier par l’encrage de ses plaques et l’essuyage, étape clé où la justesse des blancs et des noirs se révèle. «J’attendais ça depuis longtemps. Tout mon travail se savait tourné vers ce moment-là.» Le souvenir de ses jeunes années aux Beaux-Arts ressurgit, l’émotion la submerge. Puis l’ancienne presse se met en marche et marque définitivement le papier.

«Pour Dérive, j’avais réalisé des tirages numériques sur papier photo Hahnemühle. Ici, j’ai choisi du papier de Chine 30 grammes. Chaque respiration, chaque détail y est inscrit.»

Alignées côte à côte, les onze gravures nées de ce voyage dans l’instant présent déroulent le processus créatif de l’artiste, les vides, les trop-pleins, les émotions, comme un poème dont la cadence est donnée, laissant au spectateur le choix des mots, des émotions, du chemin. De la fin?

On connaît Isabelle Favre la photographe, ses photoreportages pour la presse romande, ses contributions à l’Enquête photographique valaisanne, une femme tout en lumière.

Singularité nuit

Pointe sèche sur plaque plastique
6 estampes numériques sur papier Hahnemühle 305
Cadre chêne brut
Edition de 3 exemplaires au format de 43x60 cm et 3 exemplaires au format de 20x30 cm

Installation

Pointe sèche sur plaque plastique
Estampe numérique sur papier Hahnemühle 305 Cylindre, fers
Pièce unique, 400x110 cm

Singularité jour - Lac Léman

Pointe sèche sur plaque plastique
11 impressions taille-douce sur papier de Chine 30g – Essuyage unique d’une plaque
Encadrement avec vitre Artglass AR 90tm (90% UV)
Edition de 3 exemplaires au format de 30x40 cm réalisés par moi-même à l’Atelier taille-douce « Aujourd’hui » de Terry Fernandez à Vevey

Singularité jardins

Monotype à la craie grasse sur papier recyclé, au format 83x274 cm


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