Méta

En 2021, durant trois mois, Isabelle Favre découvre les moindres recoins de la Vallée du Trient. Après avoir ramassé une pierre, puis une autre, elle arpente les sentiers à la recherche de «cailloux triangulaires tenant dans la paume de la main, et qu’on peut poser sur leur base»: une quantité de minuscules références au Cervin, qu’elle immortalise ensuite sous forme de photos macro et de gravures. Cela donnera naissance à la série «Méta» - «Méta signifiant l’intérieur, l’unité, mais qui fait aussi partie d’un tout.»

Série de 5 gravures pointe sèche sur plaques plastiques
Format 40x30 cm sur papier Zerkall 250 gr. édition 1/3, réalisées sur la presse de mon atelier.

Série de 5 photographies
Reproductions studio des pierres au format environ 5 cm.
Nikon D4s – AF Micro Nikkor 60 mm – Format 40x30 cm sur papier Museum Etching 350 gr. édition 1/3.


Expo collective «Méta» – Galerie zur Schüpzenlaube à Viège – Février 2021

Texte d'exposition par Carole Pelluchoud

Qu’elle dérive sur son voilier ou dans une vallée alpine, la photographe Isabelle Favre, que la gravure accompagne désormais à nouveau, se laisse emmener par l’énergie des lieux, par la sienne, et explore de nouveaux langages.

A Gueuroz, petit hameau de la vallée du Trient, en Valais, elle est intriguée par une succession de petits cailloux aux lignes semblables, triangulaires comme l’emblématique Cervin, stables sur leur base, fiers de leur élan. Elle les collecte comme on emmène un ouvrage qu’on prévoit de lire à la nuit tombée, chez soi, en toute intimité.

Dans le silence et l’intimité de son studio photographique, l’heure est au recueillement. La lumière s’en mêle, le regard détaille, et l’objectif macro 60 mm fixe ces géants de granit qu’aucune échelle ne vient plus réduire. «C’était une forme de travail muséographique, à tous points de vue. Tant dans la technique que dans le langage, où il s’agissait simplement de décrire et de présenter l’objet sous son meilleur angle pour mieux le comprendre.»

Alors, simultanément, sa pointe sèche s’anime. Il en naît des électrocardiogrammes terrestres, élans sismiques de ces bribes de matière qui, au-delà de leur apparente passivité, expriment les vibrations de notre planète et des Alpes, fortement sismiques.

«J’ai voulu conserver ces lignes de vie sur fond blanc, et travailler exclusivement en noir et blanc, exprimer l’essentiel, l’intemporel, l’universel.»

Ebauche d’une démarche meta, qui explore un niveau d’abstraction supérieur, tout en s’appuyant sur la matière et sa vibration, ces premiers binômes offrent un aperçu d’un travail exploratoire fascinant. A une époque où l’image, où les images envahissent notre quotidien, l’espace public et la multitude de supports qui nous accompagnent du matin au soir, quelle attention prêtons-nous encore à cette reproduction de la réalité. Et quelle est donc cette réalité? En existe-t-il une qui, loin de nous diviser, nous rassemble, par son essence universelle?


Précédent
Précédent

Singularité nuit

Suivant
Suivant

Green