Foison

De la luxuriance de la végétation tropicale dans le Mu Ko Chang National Park, à l’Est de la Thaïlande, l’artiste valaisanne a voulu capter les entrelacs et foisonnements, mais aussi l’essence même des plantes jusqu’au cœur de la fibre, par le biais de photographies sans filtre ni flash et d’héliogravures.

Photographies numériques avec objectif 50 mm. Résidence – Province de Trat et Mu Ko Chang National Park en Thaïlande, hiver 2021-2022.
Réflexion sur le format (pensé pour l’héliogravure) et la technique d'impression en cours.

Foison

Réflexion sur le projet, texte écrit en collaboration avec Lucas Mury

La luxuriance du monde naturel, et plus particulièrement celle du monde végétal, est au centre de mon travail depuis de nombreuses années.

Cet intérêt n’est pas qu’une posture contemplative ou documentaire, mais relève davantage du besoin de saisir visuellement l’esthétique d’un chaos originel.

De fait, c’est au centre des microcosmes protégés que sont les réserves naturelles, qu’il m’est possible de pratiquer les dimensions d’une arborescence neuronale, d’appréhender la multiplication des surfaces où la lumière se cherche un espace. Le but ne résidant plus dans une représentation de la flore, mais d’en extraire l’alchimie particulière qui la compose.

D’où la nécessité de travailler sur place, quitte à y résider brièvement. L’immersion quotidienne dans un lieu choisi, permet de composer avec le contexte, de me l’assimiler en recourant à la photographie et à la gravure sur de petites plaques en cuivre.

Ainsi, les deux pratiques, bien que traitées distinctement, se conjuguent pour fixer les images et en arrêter les contours. Surfaces, hachures, ondulations, segments et rayures, se substituent à la simple illustration du monde végétal pour constituer une image imprégnée de sa propre liberté.

Les paysages du photographe Suisse Balthasar Burkhard ont une forte résonance avec mes recherches, il m’incite aussi à développer ma propre démarche contemporaine.

Mon travail étant lié au multiple, il semblait cohérent de concevoir une nouvelle série alliant les deux disciplines que sont la photographie et la gravure.

Intéressée depuis longtemps par la technique de l’héliogravure, ma proposition est de travailler ce processus en profondeur. D’une image sélectionnée pour sa représentation de la densité végétale.

Le plein format évoquant pour moi l’immersion dans l’image, le débordement, le multiple se transformant en mosaïque, j’imagine une impression sans marge. Elle permet de s’approprier l’image, de pouvoir la poser sur un meuble, de l’encadrer, la punaiser ou la glisser dans une enveloppe accompagnant une lettre… bref d’aller jusqu’au bout du multiple, éliminant le précieux d’une œuvre stylisée par sa marge blanche.

Si l’intérêt de ces tirages est de pratiquer le multiple dans sa forme la plus absolue - reproduire de manière (presque) illimitée une image de l’infini végétal - il réside aussi dans la démarche et l’expérimentation des diverses phases de ce projet d’impression : du choix de l’image à son impression papier, en passant par la réalisation de la plaque héliogravée. La réalisation de cette série est à la fois l’évidence et la nécessité d’allier les deux disciplines constituant mon travail actuel.

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